A
l’opposé des politiques systématiques
d’exonérations de cotisations, nous affirmons le besoin d’une extension du montant
de ces prélèvements, tant,
II. Réorienter tout de suite le
crédit en France dans les régions et à
l’échelle du pays, maîtriser la gestion
de l’épargne pour l’emploi, les
qualifications et une nouvelle croissance
Sans
attendre la nécessaire renégociation des
traités européens, nous pouvons entreprendre tout
de suite en France de réorienter le crédit
bancaire.
Cela
serait, d’ailleurs, une contribution nationale
immédiate à l’effort de
réorientation de tout le Système
Européen de Banques Centrales et de la BCE
elles-mêmes.
Dès
le niveau régional, pour réaliser des objectifs
annuels chiffrés et contraignants de créations
d’emplois, on créerait des Fonds
régionaux pour l’emploi et la formation (FREF)
Ils
constitueront les fondations nécessaires pour la
création d’un Fonds
National pour l’Emploi et la Formation (FNEF).
Celui-ci,
de concert avec un pôle
financier public, autour de la Caisse des
Dépôts, réorienterait le
crédit pour réaliser, chaque année,
des objectifs chiffrés nationaux contraignants de
création d’emplois et de mise en formation.
Cela
se ferait dans le cadre des enveloppes annuelles de crédit
accordées, sous le contrôle des parlements
européens et nationaux, par la BCE à la Banque de
France.
A.
CONFÉRENCES RÉGIONALES ET FONDS
RÉGIONAUX POUR L’EMPLOI ET LA FORMATION
Dans
chaque région, à l’initiative du
Conseil Régional et en collaboration étroite avec
le Comité Economique et Social Régional (CESR),
une Conférence
régionale pour sécuriser et promouvoir
l’emploi et la formation se
réunirait chaque année.
a) Des conférences
régionales ...
A
partir d’une évaluation citoyenne des besoins
d’emploi et de formation, et pour résorber en
pratique le chômage et la précarité
dans chaque région, ces conférences seraient
chargées d’organiser la concertation de tous les
acteurs (salariés et syndicats, citoyens et assoications,
élus, représentants des employeurs, pouvoirs
publics) avec les institutions financières. Il
s’agira de concevoir les montages financiers
nécessaires à la réalisation des
objectifs annuels d’emploi et de formation
décidés.
A
cette fin, chaque Conseil régional solliciterait
particulièrement les institutions publiques et
semi-publiques des secteurs financiers autour de la Caisse de
Dépôts comme chef de file.
b) ... aux Fonds régionaux pour
l’emploi et la formation
Au
coeur de l’action régionale pour
sécuriser et promouvoir l’emploi et la formation,
nous proposons la constitution de Fonds Régionaux
dédiés (FREF)
1.Objectif et moyens d’action des FREF
L’objectif,
c’est l’emploi, sa création et son
maintien en liaison avec la formation pour l’emploi ;
Les
moyens d’action, ce serait la responsabilisation sociale des
entreprises et des banques : il s’agit, en effet ,
de parvenir à changer les relations entre les banques et les
entreprises à partir de la mobilisation d’un
crédit à moyen et long terme. Celui-ci,
alimenté par des fonds publics, pourrait inciter et soutenir
des programmes d’emploi. Il prendrait en charge tout ou
partie des intérêts des crédits
accordés aux entreprises pour des investissements
matériels et de recherche. Les taux
d’intérêt de ces crédits
seraient d’autant plus abaissés pour chaque
entreprise qu’elle programmerait de l’emploi
efficace et de la formation pour un meilleur emploi.
Il
s’agirait aussi, et de façon
corrélative, d’organiser un montage de garantie de
ce crédits en liaison avec les institutions existantes
(SOFARIS, etc.).
2.Organisation institutionnelle des FREF
La
présidence de chaque FREF serait assurée par le
vice-président de la Région chargé de
l’emploi, par délégation du
Président du Conseil Régional. Il serait
entouré par un secrétariat permanent assurant la
continuité d’action du FREF.
Le
Conseil d’Administration de chaque FREF contribuerait
à impulser des actions, instruire les dossiers,
coopérer avec les administrations, les banques, les
syndicats et les institutions représentatives du personnel
(CCE, CE, DP, ...), les chefs d’entreprise, les
élus des autres collectivités locales de la
région, etc. Il préparerait ainsi les
décisions du Conseil Régional.
Il
pourrait être composé d’élus
régionaux, d’élus d’autres
collectivités locales, de représentants de
salariés et des syndicats, des associations de
chômeurs, de représentants des chefs
d’entreprises, des banques (notamment de la BDPME, de la
Banque de France ...), de représentants de l’Etat
et de ses administrations déconcentrées
(notamment la DRETFP, l’INSEE ...).
B.
FONDS NATIONAL POUR L’EMPLOI ET LA FORMATION (FNEF) ET
PÔLE PUBLIC FINANCIER
1. Le Fonds national pour l’emploi et
la formation (FNEF)
Les
FREF seraient associés au sein d’une seule et
même institution nationale le FNEF.
Celui-ci,
outre les dotations initiales des FREF, recueillerait aussi les 20
à 23 milliards d’euro représentant les
exonérations de cotisations sociales patronales
accordées depuis des années au nom de
l’emploi et de la réduction du temps de travail.
L’expérience
le montre, ces baisses de « charges
sociales » contribuent à tirer vers le
bas toute la structure des salaires et à multiplier les
emplois précaires. Elles contribuent surtout à
accroître les profits disponibles des entreprises, lesquels
sont immédiatement gaspillés à payer
des dividendes et des intérêts aux actionnaires et
aux créanciers, à accroître les
placements financiers, à exporter des capitaux.
Au
total, ces baisses de « charges
sociales » ne font qu’accentuer l’irresponsabilité sociale
et territoriale des entreprises.
L’argent
public affecté à ces exonérations de
cotisations sociales servirait à abonder le FNEF, lequel
l’utiliserait à baisser, de façon
sélective, les charges financières de
crédit pesant sur les entreprises.
Dans
le cadre de programmes nationaux d’emploi et de relance des
filières industrielles et de services, avec les recherches
et les formations nécessaires, le FNEF
« bonifierait » le
crédit à moyen et long terme pour les
investissements des entreprises : plus ceux-ci programmeraient
des créations d’emploi et de formation et plus le
taux d’intérêt des crédits
bancaires qui les financerait serait abaissé, le FNEF
prenant en charge la différence avec le taux du
marché.
L’action
du FNEF se construirait, sous le contrôle du Parlement, dans
le cadre de la réalisation d’objectifs nationaux
annuels chiffrés et contraignants d’emploi et de
formation décidés par le Parlement,
après réunion d’une
conférence nationale de sécurisation et de
promotion de l’emploi et de la formation à la
tenue de laquelle le Conseil Economique et Social aurait
été étroitement associé.
Le
FNEF coordonnerait l’action
décentralisée des FREF et leur
éventuelle coopération pour la
réalisation de programmes inter-régionaux.
3- Le pôle public financier
Le
crédit et la monnaie sont des biens communs. Ils doivent
donc être gérés et orientés,
principalement, dans une visée
d’efficacité sociale et non de
rentabilité financière.
Dans
ce but, et pour entraîner progressivement
l’ensemble du système bancaire vers une telle
finalité, serait créé un
pôle public financier. Il regrouperait la Caisse des
Dépôts, les services financiers de la Poste qui
seraient reconnectés à
l’établissement public postal, OSEO, le
Crédit Foncier, la CNP, la Caisse Nationale des Caisses
d’Epargne et son
« groupe » dont il faut stopper
le processus de banalisation et de privatisation.
En
partenariat avec les FREF et le FNEF, ce pôle public serait
chargé de développer une
nouvelle grande mission de service public du crédit pour
sécuriser l’emploi et la formation.
Sous
la responsabilité de ce qui pourrait être un
Conseil Démocratique du Crédit faisant rapport
semestriel au Parlement, les banques et les établissements
financiers privés ou privatisés feraient
l’objet d’une évaluation publique
contradictoire de l’efficacité sociale de leurs
activités.
En cas
de refus répétés de la part des
actionnaires de se conformer de façon contrôlable
(notamment par les salariés) à la prescription
d’une éventuelle réorientation
s’ouvrirait alors un processus au terme duquel pourrait
être décidée l’appropriation
sociale du capital et de la gestion de
l’établissement concerné. Celui-ci
entrerait ainsi dans le périmètre du
pôle public financier.
Le
pôle public financier concourrait ainsi en pratique, avec le
FNEF, au recul du rôle du marché financier dans le
financement de l’économie, avec
l’avancée progressive de nouveaux
critères d’efficacité sociale pour la
gestion des banques et pour la distribution du crédit.
Il
contribuerait, simultanément, à
déployer de nouvelles coopérations avec les
institutions financières publiques, semi-publiques,
mutualistes ou coopératives en Europe et à
transformer en pratique les rapports entre les institutions
financières françaises et leurs consoeurs
européennes.
Avec
l’action conjointe du FNEF, le pôle public
financier agirait ainsi pour que la BCE soit
réorientée et que ses outils de politique
monétaire soient mis au service de la
sécurisation et de la promotion de l’emploi et de
la formation au sein de l’Union Européenne.
C.
MOBILISER L’EPARGNE DES SALARIÉS EN FAVEUR DE
L’EMPLOI, DES QUALIFICATINS ET D’UNE NOUVELLE
CROISSANCE
Il y a
beaucoup trop d’épargne en France. Avec
prés de 16%, le taux d’épargne des
Français est le plus élevé de tous les
pays de l’Union Européenne.
Cela
est dû, largement, au climat
d’insécurité sociale
engendré par le chômage, la
précarité, l’insuffisance des salaires,
le recul du service public, la mise en cause du droit à la
santé et du droit à la retraite, la crise du
logement social.
Et
cette épargne est de plus en plus massivement
orientée au service de la domination du marché
financier.
En
développant une politique du crédit et une
politique budgétaire systématiquement
tournées vers la sécurisation et la promotion de
l’emploi, de la formation, de tous les moments de la vie de
chacun-e et, ainsi, vers une nouvelle croissance, on
réduirait considérablement le besoin
d’épargne des salariés
français.
Dans
l’immédiat, cependant, il s’agirait de
mobiliser cette épargne surnuméraire pour la
dégager progressivement de l’emprise des
marchés financiers et l’orienter vers des
affectations favorables à l’essor de
l’emploi, des qualifications, du pouvoir d’achat
des salariés avec les investissements réels
efficaces nécessaires.
Ces
orientations peuvent se concrétiser dans plusieurs domaines.
1. L’épargne populaire
collectée sur les CCP et sur les livrets
défiscalisés est
aujourd’hui, pour une part essentielle, investie en titres
négociables (actions, obligations, titres du
marché monétaire). Elle sert aussi à
alimenter l’inflation financière et la
spéculation, au détriment des usagers
traditionnels (financement du logement social et des
collectivités territoriales).
Il
s’agirait donc de détourner et
déconnecter cette épargne des marchés
financiers en agissant à deux niveaux :
- Sur la
rémunération : il faut,
en particulier, remettre en cause l’indexation partielle du
taux des livrets « A » sur le
taux du marché monétaire. Il pourrait par
exemple, être fixé à 2 points au dessus
de l’augmentation annuelle (en glissement) des prix
à la consommation mesurée sur les douze derniers
mois.
- Sur l’utilisation des fonds
collectés : Ils pourraient
être placés dans de nouveaux types de titres. Par
exemple, les liquidités collectées par
« Efiposte », tête de
pont des services financiers de la Poste, à partir des
dépôts en CCP, pourraient être
placées en certificats de dépôts
à taux faibles (inférieurs au taux du
marché) émis par les établissements
bancaire manquant de liquidité pour leurs
opérations de crédit à
l’investissement des entreprises programmant des emplois et
formations.
2. L’épargne salariale prend
une importance de plus en plus grande. Aujourd’hui,
échappant aux salariés dessaisis de tout pouvoir
effectif de gestion et d’orientation sur elle, elle est
entièrement captée en direction des
marchés financiers. Outre la démocratisation
radicale indispensable de la gestion des Fonds communs de placement qui
récupèrent et gère cette
épargne, on pourrait viser son placement dans de nouveaux
titres publics. Emis par l’Etat, les collectivités
territoriales ou l’Union européenne, ces titres serviraient à financer
des dépenses publiques de développement
(éducation, santé, recherche, logement social,
infrastructures ...) à des conditions plus
avantageuse que celles du marché des titres.
Simultanément, on déciderait de la distribution gratuite d’actions
d’un type nouveau à tous les salariés
des entreprises concernées. Non
négociables sur les marchés ces actions
privilégiées seraient assorties d’un
pouvoir d’intervention dans la gestion et de partage des
bénéfices dans des conditions qui ne portent pas
atteinte à l’essor de l’emploi et des
salaires.
3. L’épargne
gérée par les investisseurs institutionnels
que sont les Compagnies d’assurance et les
différents Fonds Communs de Placements et autres SICAV,
devrait aussi être mobilisée au service de
l’essor de l’emploi, des qualifications et
d’une nouvelle croissance réelle. Cela pourrait se
rechercher, notamment, dans le cadre d’une
coopération privilégiée avec les
grandes entreprises publiques (EDF, SNCF, RATP ...) pour le financement
de leurs investissements, de concert avec
l’avancée d’un nouveau crédit
bancaire.
D.
CONTROLER LES FONDS PUBLICS, RESPONSABILISER L’ETAT
ACTIONNAIRE, SOCIALEMENT ET NATIONALEMENT
Les
gâchis de fonds publics, ça suffit ! Nous
proposons que soient repris et étendus les dispositifs de la
loi adoptée en janvier 2001, sur initiative des
parlementaires communistes, portant création d’une
« Commission
de contrôle nationale et décentralisée
des fonds publics accordés aux
entreprises » ( loi
n° 2001-7 du 4 janvier 2001) et abrogée par
la droite dés 2002. Il s’agit de
développer, dés le niveau régional et
au niveau national, un contrôle des fonds publics
versés aux entreprises afin d’en
établir et d’en relever sans cesse
l’efficacité sociale en termes d’emplois
créés et d’essor des qualifications
avec la formation. Ces commissions permettrait ainsi une intervention
des salariés, des Comités
d’entreprises, des syndicats et des élus sur les
innombrables dispositifs d’aides directes ou indirectes aux
entreprises, afin de mieux les orienter sur tout le territoire national.
Il
faut aussi en finir avec l’incurie et la
déresponsabilisation sociale et nationale de
l’Etat actionnaire. La droite a imparti à
l’Etat l’objectif d’exercer
« de manière
banalisée » sa fonction
d’actionnaire, veillant « seulement
à ce que les entreprises dans lesquelles il
détient des participations » rendent
« le maximum de valeur »(1). Dans ce but a
été créée une Agence des participations de
l’Etat (APE) chargée de
gérer ses possessions dans les entreprises
françaises comme un vulgaire portefeuille de valeurs
mobilières dont il s’agit de tirer le rendement
maximum.
Cela
concerne des entreprises de divers secteurs essentiels de
l’activité économique pour un montant
total de bilan de 530 milliards d’euro et une valeur de
marché estimée, en avril 2005, à 45
milliards d’euro.
La
gestion de ce patrimoine doit viser l’efficacité
sociale et non la rentabilité financière. Outre
que cela implique l’arrêt des privatisations, il
est indispensable que la Nation toute entière, au
delà de l’Etat, recouvre la maîtrise de
ces avoirs, en vue d’un essor de toutes les
capacités humaines, des filières industrielles et
de services, d’une nouvelle croissance riche en emplois et en
qualification.
Aussi,
nous proposons que l’ APE ait pour finalité de
sécuriser et de promouvoir l’emploi , la formation
et la recherche dans les entreprises au capital desquelles
l’Etat participe. Elle assumerait cette mission dans le cadre
de la réalisation d’ objectifs annuels
d’emploi en France et d’objectifs de politique
industrielle nouvelle. Ses orientations devraient faire
l’objet, chaque année, d’un
débat avec vote au parlement, tandis que le
comité de direction de l’Etat actionnaire doit
être ouvert aux représentants des
salariés des entreprises concernées.