Joëlle
GREDER, Catherine Mills, responsables des commissions Santé
et Protection Sociale
I) Une crise d’efficacité
de notre système de santé :
excès des dépenses ou insuffisance du
financement ?
1. Nos dépenses de santé
seraient excessives ?
La
France se situait en réalité en 2004 au
5ème rang des pays de l’OCDE pour la part des
dépenses de santé dans le PIB avec 10,5%. Elle
était alors largement dépassée par les
Etats-Unis (15%) et l’Allemagne notamment (11%). La
croissance de la part du PIB entre 1990 et 2003 avec1,5 point nous
situait au 12e rang des pays de l’OCDE, bien après
le Portugal (3,4), les États-Unis (3,1),
l’Allemagne et la Norvège (2,6), et même
le Japon (2,0), les Pays-Bas (1,8) et le Royaume-Uni (1,6).
Si
nous considérons la dépense de santé
par habitant, nous ne sommes qu’au 9e rang. Les
États-Unis avec 5635 $ par habitant font quasiment le double
de la France, mais la Norvège, l’Islande,
l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suisse, le Canada font aussi
beaucoup plus que nous. Certes, certains pays scandinaves, la
Suède, la Finlande, le Danemark, ont d’excellents
résultats en consacrant nettement moins, tant en part des
dépenses de santé dans le PIB qu’en
dépense de santé par habitant, mais leur
système est beaucoup plus préventif et gratuit et
beaucoup moins inégalitaire.
Pour
mesurer les dépenses de santé, on utilise
fréquemment l’indicateur dit de la consommation de
soins et biens médicaux (CSBM). Celle-ci
s’élevait en 2004 à 144,8 milliards
d’euros. La part des soins hospitaliers et en section
médicalisée restait de loin la plus
importante : 64 milliards d’euros, soit 44,4% de la
CSBM. Les soins ambulatoires (notamment les
médecins) s’élevaient à 39
milliards d’euros, soit 27% de la CSBM, mais ce sont les
médicaments, 30 milliards d’euros, 21% de la CSBM,
qui contribuent le plus à l’accroissement des
dépenses de santé (+ 9% en moyenne par an depuis
1980). L’assurance- maladie est ainsi mise au service des
profits de l’industrie pharmaceutique. La consommation en
volume de médicaments est la plus
élevée du monde, alors qu’on
relève un nombre élevé
d’accidents iatrogènes (390 par jour, 190 000 par
an). Les Français consommeraient 37 doses
d’antibiotiques par jour pour 1000 habitants, les Allemands
14, les Néerlandais 9.
L’industrie
pharmaceutique pratique l’inflation des prix :
à l’échelle mondiale, les prix peuvent
être 35 à 100 fois supérieurs pour un
médicament légèrement
différent. En outre, il existe peu d’innovations
réelles. Selon la revue Prescrire, sur 1996
nouveautés vendues en 20 ans, 7 seulement pouvaient
être considérées comme
véritablement innovantes. Le marché du
médicament se concentre sur un nombre réduit de
thérapeutiques, 24 classes sur 344 réalisent la
moitié du chiffre d’affaires (maladies
cardio-vasculaires, gastro-œsophagiennes, sanguines et
infectieuses, asthme).
Tandis
que le prix des médicaments s’est
élevé de 63% en France entre 1990 et 2001, la
hausse est encore bien plus considérable aux Etats-Unis
(90%), mais bien inférieure ailleurs : 28% en
Italie, 17% en Allemagne. La progression des
génériques en France est
réelle : ils représentent en 2004 31%
des présentations remboursables mais seulement 7% des
ventes. Seules 75 classes thérapeutiques sur 345
possèdent des présentations
génériques. Celles-ci représentent
certes désormais 69% des mises sur le marché,
mais elles ne sont à l’origine que de 21% de la
croissance du marché en contribuant à la
modération des prix, elles appartiennent en
réalité à des classes en
déclin. En revanche des présentations
liées à des produits dits innovants sont mises
sur le marché, alors qu’elles ne
représentent que 16% des nouvelles présentations,
elles contribuent à près de la moitié
de la croissance du marché, elles pratiquent des prix bien
supérieurs.
2. Notre système de santé
est-il inefficace comparativement aux systèmes de
santé étrangers ?
En
réalité, notre système contient
à la fois des forces et des faiblesses.
Des
forces : Nous sommes au 4e rang mondial pour
l’espérance de vie des femmes, après le
Japon au 1er rang (85,3 ans), et maintenant l’Espagne (83,7
ans) et la Suisse (83 ans). L’effet canicule de 2003,
entraînant la mort de nombreuses femmes très
âgées a joué dans cette
dégradation relative, puisque nous étions au 2e
rang mondial. Le taux de mortalité infantile a encore
reculé depuis 2000. Nous sommes au 6e rang avec 3,9%o en
2004, en tête l’Islande 2,4%o, le Japon 3%o, la
Suède et la Finlande 3,1%o, tandis que le taux de
mortalité pour causes cardio-vasculaires est de loin le plus
bas de l’Union européenne.
Des
faiblesses : des inégalités sociales de
santé inacceptables.
Nous
ne sommes qu’au 13e rang mondial pour
l’espérance de vie des hommes à la
naissance en raison de la mortalité
prématurée des hommes ouvriers. Ainsi, il existe
un écart de 6 ans et demi entre
l’espérance de vie à 35 ans des hommes
ouvriers et celle des cadres et professions libérales.
La
surmortalité des hommes exerçant une profession
manuelle est de 71% supérieure à celle de ceux
exerçant une profession non manuelle, alors que cette
différence est comprise entre 33 et 53% dans
d’autres pays européens. La prévention
reste encore marginale (2,3% des dépenses
d’assurance - maladie) et très
inégalitaire. Paradoxalement les salariés les
plus modestes, les plus précaires et les plus pauvres ont le
moins recours à la prévention.
L’impact
de l’environnement et des conditions de travail sur la
santé n’est pas suffisamment pris en compte, de
même la prévention de la dégradation de
la santé au travail est gravement insuffisante, tandis que
la médecine du travail subit une grave crise.
On
relève aussi d’insupportables
inégalités régionales de
santé. Par exemple il y aurait 110 spécialistes
pour 100 000 habitants en Picardie, mais le double dans la
région PACA. Les inégalités
régionales recoupent les inégalités
sociales de santé et se traduisent par de forts
écarts au niveau des indicateurs de santé. En
outre, les dépenses de santé sont de moins en
moins bien remboursées en France, notamment au regard des
comparaisons internationales. Cela engendre des
phénomènes de renoncement aux soins pour les plus
modestes.
3. La CMU prétendait
répondre aux inégalités sociales de
santé.
Quel
bilan peut-on en tirer ?
Il y a
actuellement 1,5 million de bénéficiaires de la
couverture de base et 4,6 millions de
bénéficiaires de la CMU
complémentaire. Cependant, le seuil fixé pour
l’accès à la couverture
complémentaire - 562 euros par mois pour une personne seule
- est inférieur au seuil de pauvreté. Il exclut
les travailleurs précaires, les titulaires de certains
minima sociaux à peine supérieurs (AAH, minimum
vieillesse) et certaines populations qui
bénéficiaient auparavant des aides
légales départementales.
Certes,
le renoncement aux soins pour raisons financières est
atténué pour les CMUistes : sur 43% des
ménages nouveaux bénéficiaires de la
CMU qui avaient auparavant renoncé à des soins,
71% ont entamé des soins depuis leur accession à
la CMU. Mais il subsiste encore plus de 22% des ménages
bénéficiant de la CMU depuis plus d’un
an qui déclarent renoncer à des soins.
La
population concernée est plus modeste que la population
cible, puisque huit sur dix bénéficiaires
d’âge actif sont chômeurs ou inactifs.
Cependant les nouveaux affiliés sont un peu moins
marqués par la précarité. Si les
bénéficiaires de la CMU se déclarent
en moins bon état de santé que
l’ensemble de la population, les plus récents
affiliés connaissent un meilleur état de
santé. Les opinions favorables sur les changements
apportés par la CMU progressent, et en particulier le tiers
payant apparaît comme le principal motif de satisfaction
(73%).
Cependant,
il subsiste des difficultés dans les relations des
bénéficiaires avec certains personnels de
santé (pour 20% des bénéficiaires),
notamment des refus de les recevoir ou de les revoir. En outre, les
étrangers sans papiers, les sans domicile, ne peuvent
accéder à la CMU.
Le
durcissement des conditions d’accès à
l’AME (aide médicale d’Etat) va
créer d’insupportables difficultés pour
se soigner, pour une population à la santé
très dégradée. Parmi les graves
limites de la CMU, on peut relever l’institutionnalisation
d’une médecine à deux vitesses, avec la
définition d’un panier de soins et biens
médicaux limité a minima pour la couverture de
base et l’incitation pour les populations moins modestes
à se couvrir auprès des assurances
complémentaires pour tous les soins hors panier. Rien
d’étonnant à ce qu’on
retrouve l’enthousiasme du Medef et des forces
libérales pour une telle construction.
4. Une crise explosive du financement du
système de santé.
Le
déficit de l’assurance - maladie, loin
d’être régulé,
éclate. Il est le résultat des politiques
économiques et sociales menées, de leur
échec, tout particulièrement des politiques de
rationnement comptable et du refus de doter le système de
santé des moyens de financement indispensables. Il est aussi
le résultat des gestions des entreprises : course
aux licenciements, économies sur les salaires (avec la
baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée depuis
1983). Ce sont principalement la crise économique et les
politiques d’adaptation régressive qui en
réalité enfoncent dans cette crise, et sont
à l’origine de cette tendance structurelle devenue
explosive au déficit.
Ainsi
le chômage est le cancer qui ronge notre système
de protection sociale.100 mille chômeurs
représentent un manque à gâcher de 1,3
milliard d’euros en cotisations pour le régime
général dont 0,5 milliard d’euros pour
la CNAM. L’insuffisance de la croissance,
liée largement aux politiques de déflation des
salaires et des dépenses publiques et sociales, limite aussi
les rentrées de cotisation : 1% de taux de
croissance du PIB en moins c’est 2,5 milliards de cotisations
en moins soit 1 milliard pour la CNAM.
De
même la politique d’économies sur les
salaires représente un manque à gagner
considérable : 1% d’économies
sur la masse salariale ce sont 2,5 milliards de rentrées de
cotisations en moins dont 1 milliard en moins pour la CNAM. A
cela il faut ajouter les conséquences des
exonérations de cotisations patronales (20 milliards
d’euros en 2003). Celles-ci, concentrées sur les
bas salaires (jusqu’à 1,8 fois le Smic), tendent
à faire glisser tous les salaires vers le bas, et leur
efficacité sur les emplois créés est
plus que contestable (effets d’aubaine, de seuil, de
substitution entre emplois qualifiés et
rémunérés, et emplois
déqualifiés et mal
rémunérés ou précaires).
Une
partie de ces exonérations (3 milliards par an)
n’est pas compensée ce qui représente
un manque à gagner pour le régime
général. De plus, la partie normalement
compensée pèse sur le budget de l’Etat
et sur les impôts des ménages. Cette politique
d’exonérations sur les bas salaires renforce la
baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée et son
effet déflationniste sur la croissance, l’emploi
et le manque à gagner en cotisations.
En
outre, à la suite de la suppression de FOREC en 2002,
l’Etat n’a pas versé à la
sécurité sociale le produit des ventes sur les
tabacs, les alcools, les primes d’assurance automobile qui
devait revenir à l’assurance - maladie. Certes,
l’insuffisance structurelle du financement
n’intervient pas seule et des réformes visant
l’efficacité de l’offre de soins sont
indispensables. Mais les réformes libérales se
servent du déficit de l’assurance- maladie, dont
elles sont largement responsables, pour accélérer
au pas de charge leur
« réforme ».
II) Convergence et
accélération des réformes
libérales dans l’Union européenne et
dans les autres pays de l’OCDE
Ces
réformes peuvent se résumer en deux
termes : marché et privatisations.
Après
avoir analysé l’expérience britannique
du « quasi marché »
avec l’introduction de la concurrence, nous montrons que le
rationnement de l’offre publique de soins a
intensifié le phénomène des files
d’attente. Le gouvernement britannique s’interroge
aujourd’hui sur la nécessité
d’augmenter le poids des dépenses de
santé dans le PIB.
Aux
Pays-Bas, la
méthode du panier de soins a institutionnalisé
les
inégalités : un système
éclaté,
à plusieurs vitesses, avec la sélection des bons
malades
et des bons risques, à partir d’un
marché de la
santé offert à la domination des assurances.
C’est
aussi la fin du modèle de régulation
concertée à l’allemande. La remise en
cause du modèle social allemand ne s’est pas
traduite, au contraire, par une modération des
dépenses, tandis que le report des efforts sur les seuls
assurés, et la réduction des dépenses
publiques et remboursables de santé, ont
entraîné une dégradation des
résultats.
Enfin
aux Etats-Unis, malgré l’échec
monumental d’un système qui repose principalement
sur les assurances privées c’est la marche vers le
tout privé. Alors que les résultats du
système de santé sont accablants,
l’accroissement des inégalités sociales
de santé et la réduction de la couverture
publique des soins vont faire plonger encore les indicateurs de
santé.
La stratégie des forces
libérales en France
Après
le plan du Medef « pour une nouvelle architecture de
la sécurité sociale » en 2001,
elle va s’épanouir avec le rapport Chadelat de
2003 et est en application avec la loi Douste-Blazy
d’août 2004.
Tandis
que le plan Hôpital 2007 et la T2A organisent la domination
des critères du privé à
l’hôpital public, les hôpitaux qui ne
pourront facturer des actes rentables, qui seront condamnés
à soigner les malades les plus pauvres, les plus malades,
les plus chers, seront punis dans leur dotation globale, tandis que
ceux qui vont trier les « bons »
malades, les actes rentables, ceux qui cultiveraient les
critères de l’
« excellence », de la
« performance », pourront au
contraire bénéficier des mannes gouvernementales
tout en attirant des financements privés. On incite
à la constitution de pôles
public-privé, aux fusions et restructurations, sous
domination des seuls critères de la rentabilité
financière. Les suppressions de postes seraient le fer de
lance de la politique d’économies : ainsi
1800 postes supprimés à l’APHP, la
diminution de 800 postes en gériatrie, au mépris
de l’explosion des besoins.
La loi
Douste-Blazy conjugue étatisation et privatisation pour
réduire la couverture publique des soins.
L’objectif est de réduire la dépense
publique de soins et d’organiser l’ascension de la
privatisation. Cela repose tout d’abord sur une
« nouvelle gouvernance » qui
intronise la co-gestion entre l’Union nationale des caisses
d’assurance - maladie (UNCAM) et l’union des
organismes complémentaires de santé (UNOCAM)
c’est-à-dire mutuelles, assurances
privées, institutions de prévoyance. Celles-ci
pourront peser sur le périmètre des soins et
biens remboursables et sur les taux de remboursement. A
l’UNCAM, le patronat est majoritaire, le Medef peut
bénéficier du renfort des assureurs et des autres
forces patronales à la MSA et à la
CANAM. L’étatisation est
renforcée au service des forces libérales. Le
directeur de l’union des caisses,
Frédéric Van Rockeghem, règne en
maître. C’est un proche du Ministre de la
santé, il prend ses ordres directement auprès du
gouvernement, au mépris des gestionnaires syndicaux de
l’UNCAM.
La
Haute autorité de santé, loin
d’être indépendante et scientifique,
délivre les messages conjoints du pouvoir politique et de
l’industrie pharmaceutique. Ainsi la publication
d’une liste de médicaments prétendus
à SMR (service médical rendu) insuffisant et qui
devraient être dé-remboursés permettra
de mettre sur le marché des produits soit-disant innovants
et surtout beaucoup plus chers. On s’achemine de plus en plus
vers la définition d’un panier de soins et biens
médicaux limités et vers l’ouverture
aux complémentaires de tout ce qui ne sera plus ou pas
suffisamment remboursé par la couverture de base. Pour sa
part, le Comité d’alerte, organisme
technocratique, est chargé d’intervenir
dès que l’on dépasse de 0,75%
l’ONDAM, fixé à un niveau trop bas pour
faire face aux besoins de santé.
La
« nouvelle organisation » de
l’offre de soins organise, en fait,
l’incohérence du système. Tandis que le
malade tend à être culpabilisé, on dit
responsabilisé, on institutionnalise la chasse aux
prétendus fraudeurs, à ceux qui abuseraient du
système de soins. Le dossier médical personnel,
DMP, non encore mis en place, vu son coût
complètement sous-estimé par Philippe
Douste-Blazy, était sensé permettre le suivi du
malade en centralisant les informations mais cela pose la question de
l’accès à ce DMP par les assureurs, les
employeurs. Il s’agirait de pourchasser les malades coupables
de nomadisme médical, mais en réalité
le risque est grand de conduire ainsi à une
sélection des malades par les assureurs
complémentaires. Les malades qui refuseraient
l’accès à ce DMP subiraient des
sanctions financières et des remboursements
minorés.
Les
malades en affections de longue durée (ALD) sont
particulièrement vilipendés, rendus responsables
de l’excès des dépenses de
santé. Aussi, médecin traitant et
médecin conseil devront établir un
« protocole de soins »
définissant les actes et prescriptions qui permettraient une
participation minorée (on ne parle plus de 100%). Le patient
qui ne présenterait pas son protocole serait
sanctionné financièrement. Des
économies sont également attendues de la chasse
aux arrêts maladie et arrêts de travail
prétendus injustifiés (de 4 à 6% selon
la CNAM). Mais on ne dit rien de la responsabilisation des employeurs
dans la montée des accidents du travail et maladies
professionnelles. De même, rien n’est entrepris
sérieusement contre le gâchis des entreprises
pharmaceutiques.
La loi
prétend imposer des parcours de soins avec le recours
à un médecin traitant qui devait constituer un
filtre avant de pouvoir consulter un spécialiste. En
réalité, la convention de 2005 consacre une
médecine à deux vitesses, une médecine
de classe. Tandis que les spécialistes voient
légaliser la pratique des dépassements
d’honoraires et bénéficient
d’une envolée de leurs honoraires sans que cela
aboutisse à une redéfinition scientifique des
justes honoraires. Les généralistes sur lesquels
repose pourtant tout le travail de suivi, de coordination, de pivot du
système de soins, ne reçoivent aucun moyen
supplémentaire.
On ne
cherche pas à endiguer la grave crise de la
démographie médicale, car il faudra bien former
en quantité et en qualité de nombreux
médecins généralistes tout en veillant
à leur implantation au niveau des régions
sinistrées. De fait, les malades condamnés
à bénéficier des remboursements
normaux et qui joueraient le jeu du médecin traitant seront
assujettis à un parcours long avant
d’accéder à un spécialiste.
Les autres seront incités à s’adresser
directement au spécialiste pour un parcours plus rapide, en
acceptant de payer le prix fort. Les spécialistes pourraient
être tentés de sélectionner ce type de
clientèle, que les assureurs attendent avec impatience.
On se
dirige ainsi
vers des parcours de soins, des tarifs, des remboursements,
différenciés selon le type de
clientèle et vers un
système incohérent et inégalitaire. Le
« crédit
d’impôt »
sensé permettre à chacun
d’accéder à
une complémentaire ne permettrait que la couverture du quart
d’une couverture moyenne. En outre il s’agirait
d’un
financement public bénéficiant au
privé, alors que
les fonds sociaux feront défaut à la couverture
de base
obligatoire.
Le financement de la loi : injuste et
inefficace.
On ne
règle pas, bien au contraire, le déficit de
l’assurance - maladie qui atteint plus de 12 milliards en
2004. On accélère les politiques
d’exonérations des cotisations patronales et la
mise en cause du financement de la protection sociale. Seuls les
usagers tendent à être
« responsabilisés » de
façon inégalitaire. L’euro par
consultation va peser principalement et plus lourdement sur les plus
malades et les plus modestes. En outre on peut craindre
l’augmentation ultérieure de cette participation
des malades, comme le forfait hospitalier qui est passé de
trois euros par jour en 1984 à 17 euros en 2007. Les forces
libérales parlent même d’instaurer une
franchise à la charge des assurés (non
remboursée). Les assureurs pourraient
s’engouffrer, pour leurs clients aisés, dans la
couverture des soins qui ne serait plus effectuée par la
couverture de base.
De
plus le taux de
CSG sur les retraites imposables est accru de 0,4 point avec la menace
de le porter au même taux que les salariés, voire
d’instaurer une sur-cotisation en fonction de
l’âge.
L’assiette de la CSG et de la CRDS sur les salaires est
accrue de
95 à 97% du salaire. Le taux de la CSG sur les
chômeurs
imposables est accru de 0,4 point. La CRDS est prolongée
jusqu’en 2024 avec l’hypothèse forte
d’un
relèvement de son taux. Au final, sur 5 milliards de
recettes
supplémentaires, les entreprises ne participeront que pour
0,9
milliard d’euros par une augmentation de la C3S. Tandis que
les
calculs fantaisistes du Ministre sur les économies attendues
de
sa réforme (mise en place du DMP, médecin
traitant...)
masquent en réalité le creusement du
déficit
lié à l’incohérence et au
caractère
inégalitaire de ce plan. Celui-ci laisse filer les
dépenses privées, le risque est bien
qu’en raison
de l’incapacité de cette
« réforme »
à réguler de
façon efficace le système de santé, la
fuite en
avant dans les déficits ne conduise, au final, à
un
nouveau plan, beaucoup plus grave encore.
III) Des pistes alternatives pour mobiliser
tous les acteurs afin de reconstruire un système de
santé efficace et solidaire
1.Réorienter et
développer les dépenses de santé pour
répondre aux nouveaux besoins de santé
En
premier lieu, il convient de souligner que les dépenses de
santé constituent non un poids comme le prétend
la théorie dominante mais un facteur de
développement économique et social. Elles vont
s’élever en corrélation avec le niveau
de développement, le vieillissement de la population, le
progrès technique médical, la
nécessité de sortir des
inégalités sociales et régionales de
santé, les nouveaux fléaux etc.
L’évaluation
des besoins de santé devrait être
effectuée par tous les acteurs sociaux au plus
près du terrain (par exemple par des Etats
généraux de la santé). Il faudra
sortir de la crise de la démographie médicale et
paramédicale, s’émanciper du
rationnement comptable et des réformes libérales
qui étouffent l’hôpital public et le
système de santé solidaire tout entier. Notre
système devra être réorienté
vers la prévention, particulièrement les risques
environnementaux ou liés aux conditions de travail.
Pour
les soins de ville, il faudra réfléchir
à d’autres formes de
rémunération que le paiement à
l’acte, viser des formes coordonnées et
pluridisciplinaires de soins, un travail en réseau
articulant soins de ville et hôpital, facilitant un meilleur
suivi du malade. L’objectif serait de faciliter un
accès plus précoce et plus gratuit aux soins.
Cela impliquerait des moyens pour revaloriser le statut et la place du
médecin généraliste, un rôle
accru des centres de santé coordonnés et
pluridisciplinaires. On doit évidemment permettre de
meilleurs remboursements et le développement du tiers
payant, tout particulièrement pour la lunetterie et le
dentaire.
Il
convient de s’attaquer aux profits de l’industrie
pharmaceutique qui pèsent sur l’assurance -
maladie, cela impliquerait un contrôle public et social sur
les gestions des entreprises pharmaceutiques (choix des recherches, des
médicaments à mettre sur le marché,
politique des volumes et des prix...). Les associations
d’usagers constituent aujourd’hui de nouveaux
experts qui devraient intervenir sur ces questions, comme
l’ont déjà fait certaines associations
(Act Up, Association française contre les myopathies (AFM),
...).
Il
faut aussi s’atteler à une véritable
réforme hospitalière démocratique et
efficace à partir des propositions des acteurs
eux-mêmes, en impliquant aussi les usagers. Il convient de
revaloriser et non de détruire le statut de
l’hôpital public, imposer d’autres
critères que la rentabilité
financière, mettre un terme à la folie des
fermetures, fusions-restructurations, qui ne visent
qu’à réduire les dépenses en
personnel, à organiser la déshérence
de l’hôpital public et à plier sous la
domination du privé et des critères de gestion du
privé. L’hôpital public doit obtenir les
moyens de fonctionner dans l’intérêt des
malades et de toute la société, sa gestion doit
être profondément transformée.
Un
plan d’urgence emploi-formation est incontournable, il manque
tant en ville qu’à
l’hôpital : 40000 infirmiers à
former par an, 9000 médecins, simplement pour compenser la
crise de la démographie médicale. Un vaste
programme de formation continue - pour assurer la promotion des
personnels, permettre les recrutements indispensables, faciliter la
connaissance par le personnel médical et
paramédical des nouveaux traitements, des nouvelles
maladies,..., émancipé de la tutelle de
l’industrie pharmaceutique et destiné (voire
obligatoire) à tous - est indispensable.
Enfin
il faut construire une véritable démocratie
sanitaire et sociale, tout d’abord au niveau de la
gouvernance qui doit être complètement revue. Des
élections des administrateurs à la
représentation proportionnelle, avec la reconnaissance des
nouveaux syndicats (Solidaires, FSU, UNSA ...), doivent être
impérativement organisées, la
représentation des associations d’usagers doit
être garantie.
Il est
crucial de s’émanciper de la domination de
l’étatisation et de la privatisation (Medef,
assureurs...). La gestion des caisses d’assurance - maladie
doit être démocratisée et transparente,
elle doit se rapprocher des salariés des entreprises, des
acteurs sociaux. Les représentants des assurés et
des usagers doivent être associés à la
définition de véritables parcours de soins
efficaces, ils doivent pouvoir intervenir réellement sur les
choix des politiques de santé.
2. Une indispensable refonte et un
développement du financement pour faire face aux nouveaux
besoins de réforme de progrès du
système de santé
Les
débats sur le financement
1. CSG ou cotisations ?
Nous
défendons le principe des cotisations sociales.
Nous
sommes favorables à un financement lié
à l’entreprise, lieu où les
salariés créent les richesses. La question de
fond, c’est : veut-on s’en prendre au
capital ou ne pas toucher à l’entreprise,
à la rentabilité financière. Nous
tenons à réaffirmer le principe de la cotisation
sociale fonction des salaires versés, son lien à
l’entreprise, lieu de la croissance, de la
création de richesses, par les salariés.
Les
cotisations
sociales sont une prise sur la valeur ajoutée, une partie de
la
VA qui ne va pas au profit. Le principe de la cotisation sociale est un
principe moderne et révolutionnaire. Chacun cotise en
fonction
de sa capacité contributive et peut recevoir des prestations
et
des soins en fonction de ses besoins. Les cotisations
calculées
en fonction des salaires versées sont
prélevées
sur la valeur ajoutée créée par les
salariés. Elles servent à financer des
prestations qui
permettent de développer leur capacité
contributive. Les
cotisations sont ainsi enracinées et source de dynamique
économique, ce qui donne les moyens de financer la
protections
sociale.
Cette
articulation du financement de la protection sociale à la
production de richesses par les salariés constitue une
très grande force.
Au
contraire, nous sommes opposés à la fuite en
avant dans la fiscalisation de la protection sociale (CSG, CRDS), car
il s’agit fondamentalement d’organiser la
réduction des
« charges » sociales notamment
patronales, d’institutionnaliser la réduction du
coût du travail et de la part des salaires dans la valeur
ajoutée.
En
même temps, cette fiscalisation conduit à
l’abaissement des gestions dites paritaires, ainsi
qu’à une étatisation qui vise le
rationnement des dépenses sociales. La CSG ne repose que sur
les ménages (et pour 88% sur les salariés et les
retraités), les revenus financiers des ménages ne
contribuent que pour 11%.
Il est donc faux de dire que la CSG est plus juste et qu’elle
ferait participer tous les revenus. En outre, elle ne repose
qu’en aval sur les revenus des ménages,
n’est pas articulée au lieu de la production des
richesses, elle reste donc limitée et le principe
à recettes limitées, dépenses
limitées joue à plein. Cela constitue un puissant
moyen de pression pour réduire les dépenses
sociales.
La CSG
est une réponse détachée de
l’entreprise, c’est un impôt
décidé par l’État, alors que
la cotisation est une réponse socialisée. Le
choix des modes de financement à partir des cotisations,
c’est aussi et d’abord le choix d’un
partage des richesses produites en faveur des salariés, et
d’une action à la racine sur la façon
de produire les richesses en accroissant la part de salaires et des
fonds sociaux.
Le
choix du financement correspond à un choix de
société. Le choix de la cotisation,
c’est le choix de la solidarité, de la
responsabilité sociale des entreprises, le choix
d’une sécurité sociale
gérée par les assurés sociaux. Au
contraire, pour nous, la CSG, la fiscalisation, c’est le
choix de l’étatisation pour servir en fait plus
directement les intérêts immédiats du
capital et freiner les dépenses sociales.
Nous
voulons sortir de ces cercles vicieux qui organisent le tarissement des
recettes de la protection sociale. Nous combattons la
théorie dominante qui présente le financement de
la protection sociale, tout particulièrement les cotisations
sociales, comme un boulet handicapant l’emploi, en
prétendant que cela élève de
façon excessive le coût du travail. Cette
théorie avance aussi que le financement de la protection
sociale, à partir des cotisations sociales, constituerait un
frein à la croissance et à la
compétitivité des entreprises.
Il
convient de montrer, au contraire, que le financement de la protection
sociale, notamment les cotisations sociales, constitue un facteur de
développement des ressources humaines, un moteur pour un
autre type de progression de la productivité du travail, un
autre type de croissance.
Cependant,
le type de croissance comprime les dépenses publiques et
sociales, fait exploser le chômage qui gangrène
les rentrées de cotisations. C’est le type de
politique économique et de gestion des entreprises qui
réduit la part des salaires dans la valeur
ajoutée, tandis que les exonérations
exponentielles de cotisations patronales sur les
« bas salaires » (20 milliards
d’euros en 2005) privent la Sécurité
sociale de ressources et tendent à tirer tous les salaires
vers le bas.
Il
faut au contraire relever la part des salaires dans la valeur
ajoutée, accroître le taux et la masse des
cotisations patronales.
2. Le débat sur une
réforme de progrès social et
d’efficacité économique de
l’assiette des cotisations patronales doit être
mené.
Le
type de politique économique et de gestion des entreprises
conduit aux limites de l’assiette actuelle des cotisations
patronales et de la répartition des
« charges sociales » entre les
entreprises.
Ainsi,
les entreprises de main d’œuvre (BTP,
métallurgie, etc.), les entreprises qui ont un rapport masse
salariale/valeur ajoutée élevé, qui
embauchent, accroissent les emplois et les salaires, ont un rapport
charges sociales/VA beaucoup plus élevé.
Inversement,
les sociétés financières, les
entreprises qui licencient, réduisent la part des salaires
dans la valeur ajoutée, qui jouent les placements financiers
contre la croissance réelle et l’emploi, ont un
rapport charges sociales/VA beaucoup plus bas. Il y a donc des effets
pervers par rapport à l’emploi et à la
promotion des salariés. Ce système avantage les
entreprises capitalistiques et les sociétés
financières, au détriment des industries de main
d’œuvre et de la création des emplois
correctement rémunérés.
Aussi
proposons nous de relever le taux et la masse des cotisations
patronales, en corrélation avec une politique de
relèvement de la part des salaires dans la valeur
ajoutée produite (développement de
l’emploi, des salaires, de la formation, de la qualification
des salariés).
Pour
sortir de l’enfermement dans les politiques
libérales qui organisent la diminution des financements de
la protection sociale, nous voulons démontrer
qu’une autre logique est possible et indispensable.
- Il
s’agirait de responsabiliser et solidariser les entreprises
face au développement de l’emploi, des salaires,
pour l’enclenchement d’un nouveau type de
croissance centré sur le développement des
ressources humaines (emploi, salaire, formation, etc.).
- Il
s’agirait de mettre en cause le type de croissance et de
gestion des entreprises, notamment des critères de gestion
visant la rentabilité financière contre le
développement des ressources humaines.
Il ne
s’agit pas de faire des cadeaux aux uns et de punir les
autres. Il n’est pas question d’une nouvelle forme
d’exonération arguant que l’emploi
dépendrait de l’abaissement des cotisations
patronales. L’objectif, c’est
d’accroître le taux et la masse des cotisations
patronales, à partir notamment du relèvement de
la part des salaires.
Nous
pensons indispensable de lancer un grand débat sur la
réforme de l’assiette des cotisations patronales
afin de viser l’accroissement des rentrées de
cotisations.
Le
principe que nous envisageons pourrait être le
suivant : on garderait l’assiette salaire mais on
corrigerait ses limites actuelles liées au type de politique
économique et des gestion des entreprises.
L’objectif serait de viser de nouvelles rentrées
de cotisations articulées au développement de
l’emploi, des salaires, d’un nouveau type de
croissance réelle.
- Il
s’agirait d’inciter à la croissance
réelle à partir du développement de
l’emploi, des salaires, de la formation, de
l’accroissement du rapport MS/VA, masse salariale / valeur
ajoutée, c’est-à-dire de la part des
salaires dans la valeur ajoutée produite. On viserait ainsi
à dissuader de la course à la seule croissance
financière, aux économies massives sur
l’emploi et les salaires.
Les
entreprises qui, sous contrôle de l’intervention
des salariés dans les gestions, relèvent la part
de la masse salariale dans la valeur ajoutée ( emploi,
salaires, formation, promotion des salariés, fonds sociaux)
seraient assujetties à un taux de cotisation relativement
abaissé, mais l’accroissement des salaires, de
l’emploi, d’un nouveau type de croissance,
permettrait une masse de cotisations accrue. Inversement, les
entreprises qui licencient, réduisent la part des salaires
dans la valeur ajoutée, fuient dans la croissance
financière, seraient assujetties à un taux de
cotisation beaucoup plus lourd.
3. Autre débat : assiette
VA ou assiette salaires ?
Pour
notre part, nous ne sommes pas favorables à un changement
d’assiette et au remplacement de l’assiette
salaires par une assiette VA.
En
effet, une assiette VA est beaucoup moins fiable qu’une
assiette salaires, beaucoup plus fluctuante et fraudable.
En
outre, une assiette VA ne dit rien des luttes à la racine de
la production des richesses pour un accroissement de la part des
salaires dans la VA. Cette assiette n’offre pas de prise aux
salariés pour intervenir sur les gestions des entreprises
afin de développer les salaires, les fonds pour la
protection sociale, pour la formation, etc.
Poser
aussi la question des toutes petites entreprises, des artisans...
Les
aider autrement que par l’incitation à
réduire les salaires et les dites charges sociales. Cela
pose la question d’une nouvelle fiscalité,
d’un nouveau crédit à taux
abaissé.
4. Autres propositions immédiates
- en
finir avec les exonérations de cotisations patronales qui ne
créent pas d’emploi et tendent à tirer
tous les salaires vers le bas ;
- autre
façon d’encourager réellement la
création d’emploi en articulation avec la
promotion des salariés (formation, qualification, salaire).
Fonds régionaux et nouveaux crédits avec des taux
d’intérêt abaissés
sélectivement pour les investissements productifs des
entreprises développant prioritairement l’emploi
et la formation ;
- exiger
le règlement des dettes patronales et des dettes de
l’État à la
Sécurité sociale ;
- nouveaux
financements pour le service public hospitalier, sortir de la
T2A ;
- amorcer
une réflexion sur une nouvelle dotation
hospitalière prenant en compte tout ce qui n’est
pas rentabilité immédiate mais politique de
formation, recherche, équipements hospitaliers. Un Plan
d’urgence emploi-formation, formation continue, promotion des
personnels est indispensable.
5. Pour une autre politique à gauche
Des
engagements fermes, des garanties à faire vivre dans la
création du rapport de force.
Pour
abroger réellement la loi Fillon sur les retraites, la loi
Douste-Blazy sur l’assurance-maladie, etc., mettre en
chantier une autre réforme de progrès social.
Sortir du Pacte de stabilité de
l’UE.
Construire
un véritable pacte pour un nouveau type de croissance, pour
une sécurité et un développement de
l’emploi, de la formation, du revenu, en Europe.
Mettre
en cause la BCE, exiger qu’elle vise des objectifs de
croissance, d’emploi, de progrès social. Mettre en
cause son indépendance et sa soumission aux seuls
impératifs de
« stabilité »
c’est-à-dire de freinage des dépenses
publiques et sociales pour défendre la seule
rentabilité financière.
Les
forces progressistes en Europe doivent au contraire militer pour exiger
des crédits sélectifs à taux
abaissés afin de financer les entreprises qui
développent des investissements productifs
centrés en priorité sur le
développement de l’emploi et de la formation. Il
faut avoir le courage de mettre en cause les critères de
gestion des entreprises, la course à l’argent pour
l’argent et non pas le développement humain,
l’emploi.
Enfin,
face à l’urgence, une nouvelle cotisation pourrait
être instituée sur les revenus financiers des
entreprises qui ne sont soumises à aucune contribution
sociale et se développent contre l’emploi et la
croissance réelle. Il existe actuellement plus de 80
milliards d’euros de revenus financiers des entreprises. En
les soumettant au taux actuel de cotisations patronales à
l’assurance - maladie (12,8% des salaires), cela
représenterait environ 10 milliards d’euros de
rentrées, sans parler des revenus financiers nets des
institutions financières qu’on pourrait aussi
soumettre à des cotisations sociales.
L’objectif
serait de participer au financement de la solidarité, tout
en pénalisant la course à la
rentabilité financière et en incitant
à une autre utilisation de l’argent pour viser un
nouveau type de croissance réelle. Le
développement des ressources humaines constituerait le
moteur de ce nouveau type de développement
économique et social. Celui-ci à son tour
permettrait de dégager des moyens pour financer une nouvelle
sécurité sociale, elle-même
articulée avec la sécurisation de
l’emploi et de la formation.
6. Un nouveau projet de
société
La
sortie de la crise systémique en cours repose
fondamentalement sur la construction d’un nouveau
système social instaurant une sécurisation
nouvelle de l’emploi, de la formation, du revenu, une
nouvelle sécurité sociale. Cela impliquerait de
répondre aux nouveaux besoins sociaux (notamment de
santé). De nouveaux financements mutualisés sont
incontournables.
Ainsi,
il faut sortir de la crise du financement de la protection sociale,
enracinée dans la crise économique et
liée aux politiques économiques et sociales comme
aux gestions d’entreprise. C’est bien la
montée des licenciements, la baisse de la part des salaires
dans la valeur ajoutée, les politiques de
réduction des dépenses publiques et sociales qui
enfoncent dans la limitation des ressources du système de
protection sociale, en liaison avec un type de construction
européenne qui organise la surenchère au dumping
social et fiscal. Nous voulons au contraire construire un nouveau
modèle social européen visant une harmonisation
vers le haut des systèmes de protection sociale, notamment
les systèmes de santé.
Quelles réformes ?
Système
de santé, retraites, politiques familiale, emploi,
exclusion, insertion.
Quels financements ?
Sortir
de
l’incohérence actuelle dans laquelle ont
plongé les
contre-réformes libérales. Celles-ci ont
détruit
la solidarité, fait exploser les
inégalités
d’accès aux soins, le développement de
la
pauvreté et renforcé la crise
d’efficacité
du système.